mardi 25 octobre 2011

L'HISTOIRE A L' ENDROIT

Or donc, nos télévisions, nos radios et nos journaux, depuis début 2011, nous ont rabâché, jour après jour, que les Tunisiens, les Egyptiens et les Libyens allaient bientôt connaître les délices de la liberté et de la démocratie. Et voici que le premier pays concerné, la Tunisie, au lendemain de ses élections, tenues hier, dimanche 23 octobre, se retrouve, au vu des résultats publiés, sous la coupe des musulmans intégristes.-
L’on se souviendra de Boniface, BHL, Hessel, Assange, Sarkozy, Juppé et Consorts qui, mi-figue, mi-raisin, n’ont cessé de nous répéter que tout irait bien, que les élections tunisiennes auraient un effet bénéfique sur l’Egypte, sur la Libye, sur la Syrie, sur le Yémen, sur la Planète entière et même sur la Lune ou plutôt son croissant.
Bénéfique, en effet, le slogan « Allah Akbar ! », hurlé des centaines de milliers de fois à Tunis, à Tripoli et au Caire, ce « Allah Akbar ! » que nos correspondants de presse accrédités sur place, nous traduisaient par « Liberté ! », comme si nous étions tous trop cons pour réaliser que « Allah Akbar ! » ne peut pas signifier « Liberté ! », même en français.
Le parti islamiste radical Ennahda, présenté à tort comme « modéré » dans nos médias, est largement vainqueur des élections à l'Assemblée tunisienne. A Sfax, deuxième ville du pays, il obtient 40% des voix. Ennahda est plébiscité par les Tunisiens de l'étranger, notamment en France ; ça aussi, c’est une bonne nouvelle.-Sur les 18 sièges de l'Assemblée dévolus aux Tunisiens de l'étranger, les islamistes en obtiennent huit.
Les islamistes radicaux d’Ennahda sont suivi par le parti Ettakatol (Forum démocratique pour le travail et les libertés) et le parti du Congrès pour la République (CPR), qui obtiennent chacun quatre sièges. Les deux restants reviennent au PDM. La victoire d'Ennahda n'étonne pas Radhia Nasraoui, candidate laïque, opposante historique à Ben Ali.
Elle évoque le manque d'expérience démocratique des Tunisiens : « C'est la première fois qu'ils votent. Les gens, même devant les bureaux de vote, ne savaient pas pour qui voter. Ennahda a beaucoup utilisé la religion et on sait que dans les milieux pauvres cela marche très bien ».
Elle reproche à Ennahda d'être allé trop loin, en menaçant les Tunisiens : « Dieu vous punira si vous ne votez pas Ennahda ».
Radhia Nasraoui pointe du doigt « les moyens financiers énormes, venant des pays du Golfe. Ils ont acheté des voix, offert de la nourriture pendant des mois ».
 Plusieurs observateurs ont aussi remarqué des irrégularités lors du vote. Ils ont vu des membres d’Ennahda « accompagner » des Tunisiens à leur bureau de vote.
Désormais, une immense burqa enveloppe la Tunisie.
Le monde arabe était au bord du gouffre. Il vient de franchir un grand pas en avant. Et nous avec lui.
© Michel Garroté, rédacteur en chef www.drzz.fr

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