M. Laurent Schiaffino, ancien président des Sauveteurs d’Alger, chevalier de la Légion d’honneur, est né à Alger le 6 novembre 1833. Novice d’abord, matelot ensuite, puis capitaine, c’est par son propre travail, son économie et la bonne administration du produit de ses labeurs qu’il est parvenu à occuper dans le monde une position des plus honorables et des plus indépendantes.
Enregistrer tous les actes de dévouement qu’il a accomplis, ce serait entreprendre une nomenclature sans fi n ; nous nous bornerons simplement à reproduire ses principaux sauvetages, qui sont très nombreux ; et nous verrons qu’il ne recule pas plus devant le feu que devant l’eau.
En 1849, le 14 avril, il était novice à bord du navire Vierge-des-Carmes, lorsque tout à coup une tempête formidable survint, une vague énorme enfonça le bastingage de bâbord et fit de telles avaries que, pour sauver le navire et empêcher l’eau de l’envahir complètement, il devint nécessaire de l’échouer en gagnant la côte la plus proche.
Le capitaine Guinardé, en dirigeant le navire, fut enlevé par une vague et précipité à la mer. Le vent était d’une violence extrême, et lui porter secours était impossible, L. Schiaffino prit la barre et fi t route vers la plage. Un peu avant l’échouage, il aperçut le capitaine Guinardé qui se trouvait pris entre la chaloupe et le bastingage, c’était là que la vague l’avait jeté. La position était grave ; chaque coup de roulis lui amenait le poids de la chaloupe sur le corps et menaçait de le broyer. L. Schiaffino, après les plus grands efforts et après avoir été jeté trois ou quatre fois à la mer, parvint à dégager le capitaine et à le ramener à terre, où il put le rappeler à la vie.
Le 17 mars 1850, à bord du même navire, il se trouvait en rade de Mostaganem, lorsqu’un violent coup de vent de nord-ouest s’abattit brusquement, jetant deux navires à la côte. Le capitaine était à terre. Schiaffino prit le commandement, fi t mettre à la voile et, malgré la plus horrible des tempêtes, réussit à sauver le navire et l’équipage en gagnant la rade d’Alger.
Le 18 novembre 1855, en rade de Ténès, le même fait se reproduisit dans les mêmes conditions.
Le 30 décembre 1858, L. Schiaffino commandait le navire Belle-Baptistine. Une tempête effroyable portait la désolation sur tout le littoral algérien. Schiaffno vint relâcher à Bougie; en arrivant au mouillage, il vit les navires le Vals et le Benjamin qui s’en allaient à la côte. Après avoir pris ses dispositions pour garantir son propre navire, et malgré une fatigue excessive, L. Schiaffino se porta avec son équipage au secours des deux navires en détress et, grâce à son énergie, réussit à les sauver.
Le 7 février 1860, le navire St-Gaëtano se présenta par une forte tempête nord-ouest devant le port de Cherchell, poussé à la côte par un vent furieux et dans l’impossibilité de se sauver; complètement désemparé, sa perte était fatale. Schiaffino, qui se trouvait en rade avec son navire, avait vu le danger; il fi t mettre sa chaloupe à la mer, en prit la direction et parvint à aborder le St-Gaétano. Le pavillon en berne de ce navire fut hissé au bout du mât, le grelin amarré au grand mât, et, après trois heures d’efforts et de courage, navire et passagers étaient sauvés.
Le 18 novembre 1862, c’est le navire Élisa qu’il sauva en rade de Dellys, en se jetant dans une chaloupe et en parvenant à l’aborder, alors que, battu par la tempête, aucune embarcation n’osait l’entreprendre.
Le 15 décembre 1866, à 20 milles au nord du cap Ténès, L. Schiaffino aperçut le navire Ernest-et-Marie qui avait perdu son grand mât ; il se porta à son secours et, après l’avoir remorqué pendant deux jours, lui mit à son bord moitié de son équipage, ce qui lui permit de regagner le port d’Alger.
Le 29 septembre 1869, un jeune enfant étant tombé à la mer, Laurent Schiaffino se jeta à l’eau tout habillé, et après avoir plongé plusieurs fois, ramena cet enfant à terre. Sur la proposition de M. l’amiral commandant la marine en Algérie, le ministre de la marine lui accorda une médaille d’argent de 2e classe.
En 1871, L. Schiaffino aperçoit à l’horizon une embarcation désemparée ; il se jette dans une chaloupe avec quatre hommes et, malgré la violence du vent, se dirige vers cette sorte d’épave c’était une chaloupe contenant trois enfants qui, surpris par le vent, allaient au gré des flots.
En 1874, sauvetage du navire anglais le Yorkshire et du navire la Cécile, tous les deux incendiés dans le port d’Alger. Vers cette époque, L. Schiaffino fut nommé président de la Société des sauveteurs. Dès lors ses actes de dévouement et ses sauvetages ne se comptent plus ; partout où il y a du danger, partout où un navire, ou un homme se trouvent en péril, Schiaffino se trouve là, jouant vingt fois sa vie et arrachant à la mer des centaines de victimes.
En 1878, malade et en traitement à Hamman-Rhira, un incendie se déclara; aussi brave devant le feu que sur mer, il se distingua entre tous au premier rang pour combattre l’incendie. En 1880, i1 reçut la seule récompense digne de sa vie de dévouement, la croix de la Légion d’honneur.
Il est décédé, à Alger le 30 septembre 1882.
Son frère (Angelo) a également à son actif de nombreux actes de dévouement et des sauvetages qui lui ont valu plusieurs médailles honorifiques.
Documents particuliers. — Panthéon de la Légion d’honneur
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