jeudi 17 mars 2011

ALGER, récits des écrivains, peintres et photographes français

La littérature de voyage au siècle dernier développe presque toujours le thème de la ville. En effet la première rencontre du voyageur avec le pays qu’il rencontre - qu’il soit écrivain, peintre ou photographe - se fait par le biais de la ville et plus particulièrement du port, point de passage obligé et déjà, quand la ville est orientale, amorce de dépaysement.

Théophile Gautier (1845), Eugène Fromentin (1846), les Goncourt (1849), Ernest Feydeau (1860), Alphonse Daudet (1861), Guy de Maupassant (1881) pour ne prendre que les écrivains d’une certaine notoriété et les peintres comme Eugène Delacroix (1832), Horace Vernet accompagné de William Wild (1833), Théodore Frère (1837), Eugène Flandin (1837), Théodore Chassériau (mai 1846), Gustave Guillaumet (1862), Etienne Dinet (1884) qui voyagent pendant le demi siècle qui suit la conquête de l’Algérie “ ce pays d’or, d’argent et d’azur ”, atteignent Alger par la mer.

La plupart des peintres et certains des écrivains, Théophile Gautier ou Alexandre Dumas sont chargés d’une mission officielle. Il leur est demandé de faire la promotion du pays boudé par les candidats à l’émigration. En 1840 Alger compte 30.000 Européens installés.
Gautier est commandité par son éditeur Hetzel (dont l’activité ne survivra pas à la révolution de 1848) et le journal La Presse. Son rôle est d’accompagner le maréchal Bugeaud dans ses opérations militaires : “ Mes très chers parents, le maréchal Bugeaud m’emmène avec lui dans la Kabylie faire une promenade militaire; j’ai deux chevaux, un mulet, une tente, deux chasseurs pour me servir; je mange à la table du maréchal... C’est royal; je verrai ainsi des choses que personne n’a vues. ” (24 juillet 1845). En réalité on attend de lui qu’il communique à ses nombreux lecteurs le désir de venir s’installer en Algérie.

Alexandre Dumas, feuilletoniste à succès, obtient une forte somme du Gouvernement pour “ mission littéraire en Algérie ” pour que “ Monsieur Dumas écrive deux ou trois volumes sur ce magnifique pays. Sur trois millions de lecteurs, peut-être donnera-t-il à cinquante ou soixante mille le goût de l’Algérie ”.
On affecte à Dumas la corvette Le Véloce pour effectuer la traversée. Alexandre Dumas fils, le peintre Boulanger et un serviteur noir font partie de l’équipée qui débarque à Alger le 29 novembre 1846 où, remarque déjà l’écrivain, “ les constructions françaises gâtent fort l’aspect oriental de la ville ”.
Dumas rapportera de son voyage des souvenirs de maisons closes fréquentées par de très jeunes filles. “ Bien peu de ses malheureuses étaient nées lors de la prise d’Alger : qui les a poussées à la prostitution ? La misère ”.
L’un des premiers photographes à s’installer à Alger, en 1858, est Jean Geiser.
Ses ateliers sont situés rue Bab-Azoun et il possède, rue de Chartes, un grand salon mauresque que quiconque passant à Alger peut voir et s’y faire photographier, en costume arabe au besoin. Jean Geiser “ a créé une incomparable collection de cartes postales, non seulement d’Algérie mais aussi de Tunisie ”. Almanach Hachette de 1908.
Au bout de 53 heures de traversée, le voyage s’achève sur un panorama que tous les témoins qualifient de magnifique. La saisissante vision d’Alger en amphithéâtre, aperçue du navire entrant dans la rade, s’offre à leur regard dans un enchantement de lumière : le bleu, le blanc, le vert sont les couleurs qui dominent et qui naturellement viennent sous la plume enthousiaste de nos écrivains.
Tous les récits s’accordent pour dire l’étonnement heureux ou la stupéfaction de ces écrivains devant la Casbah qui du haut de sa colline descend, “ de terrasse blanche en terrasse blanche ” jusque la jetée. Le vert de la végétation, les deux bleus du ciel et de la mer complètent avec l’or du soleil la palette qu’un jour un peintre comme Matisse ira chercher.
A SUIVRE "IMPRESSIONS DE VOYAGES"






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