La principale barricade dressée d'un trottoir à l'autre de la rue Leclerc reçoit la visite d'Achille Zavatta et de sa femme de passage à Oran.
Dans les jours qui suivent, les animateurs de ces barricades sont expulsés d'Algérie. Ils ne devaient plus y revenir.
En février 1960, à Azziz, petit village de la Kabylie, le général de Gaulle annonce que " l'Algérie sera Algérienne ".
C'est à la fin de l'année 1960 que les juifs commencent à sentir leur destin basculer. Jusque là ils se considéraient liés à jamais à la terre algérienne. Mais quand le F.L.N. décide d'élargir ses opérations militaires aux grandes villes, il s'attaque à la grande Synagogue d'Alger, complètement saccagée le 12 décembre et au cimetière juif d'Oran qu'il profane. C'est le début d'une angoisse de l'avenir que l'O.A.S. va exploiter.
Au début de 1961, Lagaillarde, réfugié à Madrid, contacte un ancien journaliste de l'Echo d'Oran, Tassou Georgopoulos, propriétaire du "Café Riche", place Villebois Mareuil, sergent-chef dans les armées territoriales, en vue de la création d'une armée secrète. Ce dernier s'adjoint Georges Gonzalès, propriétaire d'un garage et Robert Tabarot, ancien boxeur et neveu du créateur d' " Oran Républicain ".
Le général Jouhaud avait été pressenti pour prendre la direction de l'O.A.S. en Oranie. Ce général d'aviation à 5 étoiles, grand officier de la Légion d'Honneur, titulaire, était né le 2 avril 1905 à Bou Sfer. En fait, au dernier moment, c'est le général de brigade Gardy qui en prendra le commandement, puis les envoyés du général Calle.
C'est par la radio que les Oranais apprennent le Putsch, très tôt le samedi 22 avril. Le mardi suivant, la partie est jouée et perdue. Mais cet épisode de quatre jours que les Oranais n'ont pas prévu, va les inciter à se regrouper dans leurs organisations clandestines.
Jouhaud qui a opté lui aussi pour la clandestinité, arrive à Oran le 20 août suivant pour prendre le commandement du secteur sous le nom de Louis Gerber. Il se fera assister de Charles Micheletti et de son fils Jean-Marie.
Le 27 août 1961, les premiers drapeaux frappés au sigle de l'O.A.S. apparaissent sur les cabanons de la plage d'Oued Hallouf près d'Aïn Témouchent.
Le couvre-feu est décrété à 21 heures à la suite de nombreux attentats. La ville est partagée en deux. Le F.L.N. contrôle les 180 000 musulmans de la ville nouvelle, des faubourgs Médioni, Lamure et Petit Lac sur lesquels flotte le drapeau vert. l'O.A.S. contrôle les quartiers du Centre, Gambetta, Eckmühl, Saint-Eugène et la Marine.
L'année 1961 se termine par un appel à la mobilisation générale des populations d'Algérie.
Le début de l'année 1962 est marqué par une recrudescence des attentats et une opération terre brûlée: Les dépôts d'essence du port sont incendiés. Les combats de rues se déchaînent, les plasticages nocturnes se multiplient : jusqu'à 45 en une seule nuit.
Le 19 mars un cessez-le-feu intervient. Il ne dure qu'une journée. Dès le lendemain, les accrochages reprennent: 20 morts pour cette seule journée.
Le dimanche 25 mars 1962, le général Jouhaud est arrêté, boulevard Front de Mer dans l'immeuble "Le Panoramic", au 8ème étage, alors qu'il déjeunait chez ses amis Raymond. Les Oranais sentent venir la fin.
Fin juin 1962, Oran est devenue la ville de "La Peste" que Camus décrivait: Les ordures s'amoncellent au milieu de la rue, les téléphones sont coupés, les magasins éventrés vomissent leurs débris sur le trottoir, les petites rues en pente, vidées de leurs habitants dégagent une odeur sans nom.
Le lundi 25 juin 1962, à 17 h 45, l'O.A.S. tire au bazooka dans les cuves de mazout de la British Petroleum, dans le port d'Oran : Vision dantesque de flammes qui montent à plus de 150 m. Dans certains quartiers, il fait presque nuit, et cette "éclipse" dure deux jours.
Le 27 juin à 19 heures, c'est l'arrêt des émissions de " Radio OAS ".
L'agonie de l'Algérie Française va se terminer à Oran par la tuerie du 5 juillet. Ce jour-là, une fusillade éclate, déclenchée par des " éléments irresponsables ", diront les Autorités algériennes. Une vague de folie meurtrière part des faubourgs musulmans vers les quartiers européens. Les victimes sont retrouvées pendues aux crochets des abattoirs de la ville ou jetées à la décharge publique du Petit Lac. Un bilan officiel reconnaîtra 101 morts dont 25 européens et 163 blessés. Mais ces chiffres sont loin de refléter la triste réalité : plusieurs milliers de personnes enlevées à leur domicile ou sur leur lieu de travail n'ont jamais été retrouvées. Monsieur Jean de Broglie a admis le chiffre de 3000 disparus. On ignore encore à ce jour ce qu'elles ont pu devenir.
Des paroles de regret seront prononcées par le nouveau préfet de la Wilaya, Souiah Abdelkader qui donnera l'ordre d'arrêter les meneurs et les présentera à la Presse avant d'ordonner leur comparution devant un tribunal de l'A.L.N.
Ce fut alors le grand départ et le début du lamentable exode d'un million et demi de Français d'Algérie.
1 380 000 personnes arrivèrent en France dont 17 000 en Corse, 50 000 arrivèrent en Espagne, 12 000 émigrèrent au Canada, 10 000 rentrèrent en Israël et 1 550 personnes se retrouvèrent en Argentine.
30 000 personnes seulement restèrent en Algérie sur cette terre qui les avait vu naître, où leurs parents étaient enterrés et où ils voulaient mourir.
A SUIVRE......
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire