Aujourd'hui, notre pays est occupé doucement, gentiment, insidieusement, par le camp du Bien. La police de la pensée correcte triomphe sur tous les étals médiatico-politiques. Au fur et à mesure des abandons de tout excès polémique, de toute pensée critique, de toute idée non formatée par les utopies droits-de-l'hommistes du côté de la gauche, et de l'arnaque financière et publicitaire côté droite, la France se recroqueville. S'emmerde. Se couche. Râle et s'endort en faisant des rêves de star. Semble enfin accomplie la castration de ce peuple français qui, jadis, prenait des bastilles et, il y a encore quelques décennies, faisait mine de défiler pour changer la vie. L'alibi de la crise a bien travaillé : tous à la niche. Et à la censure. Désormais, il est interdit de ne pas interdire.
-Ne fumez plus : cancer du poumon.
-Ne buvez plus : cirrhose du foie.
-Ne baisez plus : sida et autres maladies sexuellement transmissibles (MST).
-Ne mangez plus : pesticides et OGM.
-Ne sortez plus : attentats.
-Ne parlez plus des juifs : vous serez condamné pour antisémitisme.
-Ne caricaturez plus Mahomet : vous serez incendié avant d'être égorgé.
-N'osez plus une plaisanterie sur les gays : l'homophobie vous guette.
-Ne racontez pas une histoire sur les Blacks : vous serez vitupéré raciste à part entière.
En revanche, vous pouvez vous en donner à coeur joie sur la pédophilie de l'Eglise. Plus besoin de procureur : les ciseaux travaillent dans les têtes.
Identité : mot obscène pour le choeur des vierges de la différence reine et du minoritaire roi ; mot à proscrire pour les pleureuses de l'angélisme compassionnel qui consiste à trouver des excuses, des explications et des alibis pour quiconque psalmodie que la France est une "garce à niquer" ou autre amabilité du même acabit.
Etre « franco positif » est devenu, aux yeux de certains, aussi grave qu'être séropositif.Les bonnes âmes de l'antiracisme, considéré comme fonds de commerce, vous proposeront immédiatement un régime à base de fortes amendes, d'une série d'électrochocs et d'excuses publiques, avec fouet et lapidation en cas de récidive.
Oser évoquer un rôle "positif" de la présence française outremer, notamment en Afrique du Nord, vous conduira au moins aux travaux forcés, sinon au peloton d'exécution.
Il s'agit une fois pour toutes d'arrêter cette démarche imbécile qui consiste à désigner l'Occident des Lumières comme l'épicentre de tous les péchés du monde. Ce qui s'est passé, ce qui se passe au Congo et au Nigeria, au Darfour et au Zimbabwe, en Iran et en Syrie, n'a rien à voir aujourd'hui avec l'Occident, mais bien avec la spécificité d'un certain nombre de dictatures que le boboïsme frileux ne saurait voir. Dans cette société placée sous le règne de la distraction et du renoncement, tout est fait pour nous plonger indéfiniment dans le sommeil hébété des taupes qui ne veulent plus voir que des ébats people, ne plus entendre que des brèves de comptoir complotistes, ne plus dire que ce que leur dicte l'angélisme des notables de la gauche correcte et de la droite congelée. Cependant que progressent les menaces intégristes et totalitaires, nos démocraties s'abandonnent à un masochisme culpabilisé où victimes et bourreaux s'échangent perversement leurs oripeaux, et ce au moment même où se juxtaposent les folies d'un marché sans contrôle et les pulsions mortifères d'un fanatisme sans fin. Il serait temps que la France se réveille...
(André Bercoff est écrivain, journaliste. )
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