dimanche 28 mars 2010

ELISSA RHAIS " la fille d'Eleazar"

Rosine Boumendil naît à Blida, au pied de l'Atlas algérien, le 12 décembre 1876, dans le foyer modeste de Mazaltob Seror et de Jacob Boumendil, boulanger. Elle fut mariée à Moïse Amar qui était rabbin de la synagogue de la rue Sabine, dans la Basse-Casbah à Alger.
Le couple divorce en 1914. Rosine épouse alors Mardochée (Maurice) Chemoul, riche négociant, qui lui offre une magnifique maison à Alger, " La Villa des fleurs ". C'est là qu'elle tient salon, charmant ses invités par des récits que ses admirateurs la pressent d'écrire et de faire connaître à Paris. Elle se décide à partir pour la capitale, accompagnée de son fils, de sa fille Mireille et de son neveu Raoul Tabet. Les éditions Plon acceptent immédiatement de publier son roman Saada la marocaine et signent avec l'auteure un contrat pour cinq ans. Pour la lancer, on lui donne le nom plus exotique d'Elissa Rhaïs, en lui forgeant une légende orientale la présentant comme une arabe musulmane, scolarisée jusqu'à douze ans, enfermée ensuite dans un harem dont elle s'extrait pour écrire des histoires en français. De 1919 à 1930, Elissa Rhaïs réside tour à tour à Blida et à Paris. Elle signe une quinzaine de romans chez de grands éditeurs parisiens : Plon, puis Fayard et Flammarion. Ses oeuvres plaisent au public si on en juge par leurs multiples rééditions : vingt-six pour Saada la Marocaine, dix-neuf pour Les Juifs ou la fille d'Eléazar, dix-sept pour La Chemise qui porte bonheur… Les critiques français saluent le talent de cette " petite orientale ", ou " le don atavique de cette fille de conteurs arabes ". Mais en Algérie, où chacun sait qu'Elissa Rhaïs est juive et que son pasage dans un harem est pure invention, ses coreligionnaires apprécient très modérément les descriptions peu flatteuses qu'elle fait des juifs dans ses romans.
Après 1930, son talent de conteuse semble tari. Pendant les dix dernières années de sa vie, elle ne publie rien et tombe dans l'oubli. Elle meurt brutalement à Blida, sa ville natale, le 18 août 1940. Elle avait soixante-quatre ans.

Voici une romancière, née en Algérie, qui eut toutes les faveurs du public français au cours des années 1920. Elle publia une bonne dizaine de livres en quelques années, fut fêtée à Paris et retourna vivre à Blida pour mourir en silence au début de la guerre. Oubliée…
Cette femme fut une des toutes premières, dans l'Algérie coloniale à produire une œuvre originale et attachante. Une œuvre de femme.
Plus tard, à Alger, elle tint un véritable salon littéraire qui eut un certain succès dans la colonie. Elle décide d'aller à Paris pour se faire éditer ce que le mari n'approuva pas et les époux se séparèrent. Louis Bertrand lui donne alors une lettre pour René Doumic. Grâce à cette introduction et à sa littérature qui répondait sans doute à une certaine attente elle est acceptée par la Revue des deux mondes et les éditions Plon. Jusqu'en 1925 on la fait passer pour une arabe musulmane ce que semble corroborer sa parfaite connaissance des milieux arabes ainsi que de la langue.
Les deux sujets de prédilection de l'auteur seront les femmes et les milieux juifs. Que reste-t-il de tout cela ? Quelques livres très agréables à lire et que nous nous proposons d'étudier pour montrer comment le regard de l'écrivain s'attarde à décrire la société coloniale et en particulier les femmes.

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