samedi 8 avril 2017

Extrait de COMME ELLE DIT MA MERE que j'écris actuellement



Pour en revenir à Annie, elle veut encore mais moi, je veux pas d’sa salive. C’est dégueulasse. Ou alors, on sait pas ! J’vais pas demander à madame Checkler de m’apprendre à embrasser quand même ! Moi, le grand professeur, je lui fais un cours de baisers.
--N’ouvre pas la bouche et donne-moi tes lèvres !
Zarmah, je sais !   Voilà, c’est pas compliqué et là, au moins, sa langue, elle se la garde. Ses lèvres, c’est du miel. Voilà, l’entracte. Je la laisse pour aller voir les amis.
--Putain d’olive que j’vous ai tapé !
--Mais on avait pas l’intention de vous embêter !
--Va te toucher, va !
Capo y m’prends vraiment pour un américain, hein !
Victor, il a  le don de double vue.
--j’ai vu que tu l’as embrassée !
--Ouais, putain, elle s’est pas arrêtée de me  mollarder dans la bouche.
--Purée, tié dégueulasse.
Je suis retourné dans la loge où Annie elle m’attendait sage comme une image. Heureusement, que la salle elle à moitié vide ou pleine, c’est au choix ou sinon, tu vois pas qu’on rencontre un adulte pour répéter à nos mères. Encore, moi, c’est pas grave mais Annie, raïben, j’entends d’ici sa mère si elle est une mère pied noir normale.
--Ma fille, elle va finir putaine, si elle continue. Mais d’où elle tient ce besoin de faire la belle ? Si elle s’arrange pas, c’est la pension ou le couvent!
C’est vrai qu’elle a pas hésité pour venir avec moi au cinéma. Une autre, presque j’la demande en mariage avant qu’elle me dise oui. A savoir si elle est pas un tantinet dévergondée ? Aouah, elle saurait embrasser si elle avait déjà de l’expérience. C’est que d’accord, j’aime pas l’école mais je réfléchis, moi. Purée, j’me prépare une vie de mauvais sang carabinée, moi hein ! Avec les filles, l’école, le service militaire et sans doute le travail que je dois trouver pour en faire le moins possible, purée ! Ma mère, elle veut que je fasse carrière. Carrière de quoi ? Dieu seul y le sait !  Aouah, je veux rester petit. Je veux apprendre le catéchisme des juifs chez madame Checkler, jouer au foot dans les rues, m’écorcher les genoux, entrer à ouf au cinéma, jouer à 5/25 et à la toupie, aux noyaux, tous ces jeux que les grands y croient réservés aux petits, dire tata et tonton, faire des punitions à l’école, ronchonner en faisant les commissions, embrasser ma mère si fort qu’elle peut pas s’empêcher de me lancer un arrête, samote et des tas de petits bonheurs que réserve l’enfance……Et surtout, chanter comme Eddie Constantine : dans la vie faut pas s’en faire, moi, je n’m’en fais pas, les petites misères seront passagères, tout ça s’arrangera.

Dimanche, l’ASSE elle rencontre le SCBA en coupe d’Afrique du Nord. Tout Alger y tremble. C’est que Bel Abbès, c’est pas des manchots. Ces prétentieux d’oranais, ils affirment que le SCBA, c’est la meilleure équipe d’AFN. Purée, moi y faut que j’compte mes sous pour me payer une place. J’vais faire l’esclave pour les voisines en m’tapant leurs commissions et si, j’ai pas assez, je taperais ma tante Félice qui me donne toujours un franc et un chocolat quand je vais la voir. Si j’étais méchant comme la galle, je dirais qu’elle achète mon affection mais total, je l’adore. D’abord, parce qu’elle est la sœur de mon père et ensuite, elle est d’une douceur infinie. Pour finir, elle ressemble comme deux gouttes d’eau à sa mère, ma grand-mère que j’ai, à peine connue.
Les supputations elles vont bon train sur les chances de l’ASSE dans les cafés de Bab El Oued où le chauvinisme            y tient lieu de respiration.
--Un figue à l’œil, on va les dobzer à ces bel- abbésiens de malheur !
--Ouais, mais gaffe qui nous tapent pas un coup de zouzguèfe.
--Aouah, y a Notre Dame d’Afrique qui veille sur nous. ?
--Elle a que ça à faire de s’occuper de football.
--Eh, qu’est-ce tu crois, de là-haut, elle regarde le match. Alors, si elle peut faire un croche-pied à un Oranais, tu crois qu’elle va se gêner.
--Ouais, surtout que les oranais y vont pas se gêner pour prier Santa Cruz.
Et toute la semaine, c’est pareil. Les supporters du Gallia Sport Algérois, y prient pour que leur grand rival,  l’ASSE y prenne une tléra carabinée devant les Bel-Abbésiens. Parce qu’il faut pas croire que les gallistes y se rangent du côté des Saint-Eugènois, que nenni. (j’adore faire zarmah dans mon langage) Un galliste, ça reste avant tout un ennemi des rouge et blanc et tant pis pour la solidarité algéroise. Mais attention, ce serait kif-kif bourricot si le Gallia y rencontrait Bel-Abbès. J’vous dis des ennemis jurés, les deux ténors du football de la capitale.

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