dimanche 4 octobre 2015

LE COIFFEUR DE BAB EL OUED de Hubert Zakine

Nouvel extrait de LE COIFFEUR DE BAB EL OUED que j'écris actuellement.
Ce n'est qu'une ébauche.............
Il est midi moins le quart. J’entre dans l’ascenseur après avoir introduit un jeton acheté chez la concierge quand soudain, je vois Edith. Je retiens les portes battantes et l’invite à entrer.
--Merci ! Accompagné d’un sourire à faire damner un roi.
--Je vous ai vu au cinéma……
--Moi aussi ! Vous étiez avec une jolie blonde.
Purée, elle joue les "chendada". Une fille qui est dure à draguer, hein !
--Cette fille, c’est qu’une copine. Je réplique en  jouant  l'indiférence .
--Ah bon !
--Je vous assure que je m’en fiche comme de ma première barboteuse. Pour vous le prouver, j’aimerai vous offrir ce disque.
Je lui tends le disque que j’aie acheté ce matin chez Radiola en face du cinéma le Trianon.
--Mais pourquoi?
--Ça me fait plaisir de savoir que vous écoutez cette musique !
--Seulement ?
Poussé dans mes derniers retranchements, j’avoue ……….
-- J’ai adoré ce film et sa bande originale. Alors, la vérité, si en plus, je sais que vous pensez à moi en l’écoutant………….
L’ascenseur est arrivé. Je m’efface pour la laisser sortir. Elle prend le disque.
--Je suis touchée mais je ne peux pas accepter. Pour mes parents, je dirais qu’une amie me l’a prêté……..mais après, je vous le rendrais…. !
--Ok ! Faites pour le mieux………..
Elle me fait un signe de la main. Ça y est, il me semble qu’elle est amadouée. La prochaine étape sera de lui parler de tout et de rien, "zarmah" elle m’est indifférente. Je vais baratiner ma douce pour inviter sa mère à prendre le café le plus souvent possible. Comme ça, sans avoir l’air d’y toucher, parler à la fille du rabbin, ce sera pas les travaux d’Hercule.
Hé, si ma mère veut qu’on LUI fasse des beaux petits, y faut bien qu’on se rencontre, qu’on se parle, qu’on marche ensemble et tutti quanti, non ? Purée, son père, y me fait peur avec ses binocles perchés sur son nez, son air studieux et ses cheveux à la Einstein. En plus, on dirait Topaze en plus sévère. La vérité, Fernandel qui jouait le rôle, il est plus comique.
En attendant que mes frères y rentrent du collège Guillemin, je prends la chaise longue qui me tend les bras. L’odeur qui se dégage de la cuisine elle me taquine les narines alors, comme un "goulafre", je me lève pour taper dans le plat finement décoré. Ma mère qui connait son fils, elle me met une olive dans la bouche en me suppliant.
-- Mon fils, tu peux pas attendre tes frères !
Je me défends comme je peux.
--J’ai faim, manman !
Contre mauvaise fortune, je fais bon cœur, j’obéis ! Mais si j’insistais un p’tit chouïa, ma douce, elle me laisserait picorer tout le plat.
Je sors au balcon et qui je vois, mes deux ostrogots qui flânent avec une petite de la rue Thuillier au lieu de rentrer fissa. Je lance le sifflet de la famille pour les rappeler à l’ordre. C’est que, si ça continue, toutes les "tramousses" qui me font de l’œil, elles vont passer de vie à trépas.
On ouvre la table anglaise. "Châ, châ", on va manger à l’abri du rideau de soleil. Chez soi et chez les autres, comme elle dit ma mère. Pourquoi, chez soi et chez les autres ? Parce que, derrière le store, sans se voir, entre deux bouchées, on échange des plaisanteries avec les voisins qui déjeunent au balcon comme la plupart des habitants de notre immeuble.
Y a pas à dire, ma mère, c’est la meilleure cuisinière du monde. Un rôti de veau entouré de croquettes de pommes de terre, en entrée, une salade algérienne avec plein de r’chaouèches que certains y préfèrent appeler ingrédients et des mandarines au dessert. Qu’est-ce tu veux de mieux ? Eh bien, ce cher Robert, ça lui convient pas ! Je lui fais les gros yeux, y comprend mieux que si je lui tape une paracha !
Ma mère, si un de ses fils y mange pas, illico presto, elle l’emmène chez le docteur.
--Qu’est-ce tu as mon fils ? Bouh, pourvu que tu me fais pas une occlusion intestinale….. tu aimes pas……tu veux que j’te fasse une omelette à la soubressade……
Enfin, elle se fait un kilo de mauvais sang. Monsieur, il veut pas les croquettes parce que c’est pas stylé d’avoir mauvaise haleine après avoir mangé de l’ail. Zarmah, y bécote les filles toutes les cinq minutes !
--Oh, parote, le dentifrice, c’est pas fait pour les chiens !
Je dis tout ça parce que c’est mon frère mais si quelqu’un y le traite de parote, je lui en donne une que le mur, il lui en donne une autre. Ho, je suis le frère ainé et je veille sur ma fratrie !
La vie, je la trouve de plus en plus belle. Le salon marche, ma mère est heureuse, Rosa me comble et Edith me laisse entrevoir un avenir radieux. Que demander de plus à la vie sauf si on est toujours jamais content et qu’on flirte avec le "karse" tous les jours que dieu fait.



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