dimanche 25 avril 2010

ELIE WIESEL " Jérusalem au coeur "

Elie Wiesel, auteur et activiste mondialement célèbre, Prix Nobel de la Paix, et survivant de l'Holocauste, a écrit une lettre pour exposer son point de vue sur la ville de Jérusalem, sa lettre a été publiée en première page de grands journaux américains. Voici ses paroles telles que publiées dans l'International Herald Tribune, le Washington Post, et le Wall Street Journal en date du 16 avril 2010 et dans le New York Times le 18 avril 2010.
Jérusalem est au-delà des politiques !
C'était inévitable, Jérusalem est de nouveau au centre des débats politiques et les tempêtes internationales. De nouvelles et d’anciennes tensions remontent à la surface, à un rythme inquiétant. Jérusalem ! Dix-sept fois détruite et dix-sept fois reconstruite, elle est toujours au milieu d’affrontements diplomatiques qui pourraient mener à un conflit armé. Ni Athènes, ni Rome n’ont suscité autant de passion.
Pour moi, le Juif que je suis, Jérusalem est au-dessus de la politique. Il est mentionné plus de six cents fois dans la Torah, et pas une seule fois dans le Coran. Sa présence dans l’histoire juive est écrasante. Il n’y a pas de prière plus émouvante dans l’histoire juive que celle exprimant notre désir de retourner à Jérusalem. Pour beaucoup de théologiens, c’est l’histoire juive, pour de nombreux poètes, c’est une source d’inspiration. Elle appartient au peuple juif et elle est beaucoup plus qu’une ville, c’est ce qui lie un Juif à un autre d’une manière qui reste difficile à expliquer. Quand un Juif visite Jérusalem pour la première fois, ce n’est pas la première fois, c’est un retour aux sources. La première chanson que j’ai entendue était une berceuse chantée par ma mère à propos de Jérusalem. Sa tristesse et sa joie font partie de notre mémoire collective. Depuis que le roi David s’empara de Jérusalem comme sa capitale, les Juifs ont vécu à l’intérieur de ses murs, et, ils ont subi deux brusques changements : lorsque les envahisseurs romains, leur interdirent l’accès à la ville et, de nouveau, sous l’occupation jordanienne, les Juifs, sans distinction de nationalité se sont vus refuser l’entrée du vieux quartier juif, pour méditer et prier au Mur, le dernier vestige du temple de Salomon. Il est important de se rappeler, que si la Jordanie n’avait pas rejoint l’Egypte et la Syrie dans la guerre contre Israël, la vieille ville de Jérusalem serait encore arabe. De toute évidence, tandis que les Juifs étaient prêts à mourir pour Jérusalem, ils ne tueraient pas pour Jérusalem.
Aujourd’hui, pour la première fois dans l’histoire, les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans, peuvent, sans entrave, vénérer leurs sanctuaires. Contrairement à certains rapports de médias, Juifs, Chrétiens et Musulmans sont autorisés à construire leurs maisons partout dans la ville. La douleur ressentie pour Jérusalem, ne concerne pas l’immobilier, mais la mémoire.
Quelle est la solution ? La pression n’engendrera pas de solution. Y a-t-il une solution ? Il doit y en avoir une ! Et, il y en aura une ! Pourquoi lutter contre le problème le plus complexe et sensible si prématurément ? Pourquoi, avant toute chose, n’est-il pas pris des mesures qui permettront aux communautés israéliennes et palestiniennes de trouver des modalités pour vivre ensemble dans une atmosphère de sécurité ? Pourquoi, ne pas ranger, pour un temps, le plus embarrassant et délicat des problèmes ?
Jérusalem doit rester la capitale spirituelle juive du monde, Jérusalem ne doit pas être un symbole d’angoisse et d’amertume, Jérusalem doit être un symbole de confiance et d’espoir. Comme le maître hassidique Rabbi Nahman de Bratslav l'a dit : "Tous dans ce monde ont un cœur, et le cœur, a lui-même son propre cœur."
Jérusalem est le cœur de notre cœur, l’âme de notre âme ! Elie Wiesel.

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